Le logiciel libre cossé ça donne…

Je commence ici une série de quatre articles sur le logiciel libre, ses avantages et désavantages pour les particuliers, les travailleurs autonomes et les PME. D’abord une petite introduction pour cerner le contexte.

La philosophie du logiciel libre

Le logiciel libre ne peut se réduire qu’à une volonté de faire circuler des logiciels gratuits. C’est d’abord une philosophie qui cherche avidement à se dégager des préceptes de la commercialisation (Pour ne pas dire du capitalisme tout court) et qui a, dès les premiers vrais balbutiements d’Internet, vu le potentiel de ce nouvel outil pour la libre circulation des idées et du savoir. UNIX, un code source de système d’exploitation entièrement libre, sera une des premières incarnations de logiciel libre et dans les années ’90 il donnera naissance à son petit frère Linux.

Comme tout projet idéologique, le mouvement du logiciel libre doit vivre avec ses contradictions car il n’est pas complètement dépourvu d’aspects commerciaux : Red Hat, entreprise qui conçoit certaines versions de Linux, offre des versions payantes avec support technique; Mozilla, l’entreprise qui conçoit le navigateur web Firefox et le client de courriel Thunderbird gratuits, achète des brevets et prône un équilibre entre la commercialisation et « l’intérêt public ».

En contrepartie, le projet Debian, un autre système d’exploitation basé sur Linux, demeure entièrement dépourvu d’objectifs commerciaux et a donné naissance à une myriade de systèmes d’exploitation gratuits. Ma préférée pour un ordinateur personnel est Mint, côté serveur, je demeure adepte de CentOS, version gratuite des systèmes conçus par Red Hat (Je vais m’attirer les foudres de mes amis Debian!).

La place du logiciel libre dans le monde

Il est vrai que le logiciel libre occupe une place minuscule, soit moins de 2%, dans le monde des systèmes d’exploitation pour ordinateurs personnels. Dans le monde des logiciels de bureautique les chiffres ne sont guère mieux puisque Microsoft occupe plus de 90% de ce marché.

Par contre, savez-vous que le troisième navigateur web le plus utilisé dans le monde, Firefox (21%), est un logiciel libre ? Que plus de 75% des serveurs qui hébergent les sites Internet du monde entier roulent sous des systèmes d’exploitation UNIX ou Linux et se servent de serveurs HTTP Apache ou NGINX, aussi des logiciels libres, pour le faire? Que l’architecture même de l’Internet qui assure la traduction de toutes les adresses web numérotées en texte intelligible pour nous tous est assurée par des logiciels libres ? Ces serveurs, que l’on appelle DNS (Dynamic name server), vous permettent d’écrire www.google.com dans votre navigateur web plutôt que 74.125.228.80. Sans serveurs DNS, aucun site internet ne serait accessible à partir de noms faciles à retenir, il faudrait absolument connaître l’adresse en chiffre pour y accéder.  Microsoft n’occupe que 3% de ce marché.

Sans le logiciel libre, nous n’aurions peut être pas nos rutilants Mac et nos beaux ordinateurs personnels Windows 7 et 8. Pourquoi? Parce que le système d’exploitation Mac a été conçu à partir du code source d’UNIX. Toute l’interaction graphique des logiciels d’aujourd’hui a été créée par les fondateurs de Apple… Sans eux, pas de Windows. Android, le système d’exploitation de la majorité des téléphones mobiles dans le monde, est une version propriétaire d’UNIX aussi. Linux s’immisce de plus en plus dans d’autres projets commerciaux, SteamOS par exemple, justement parce que son code source est libre.

Même si nous trouvons que notre monde informatique est dominé par les logiciels propriétaires des Apple, Google et Microsoft, ces derniers doivent tous leur existence à un code source qui leur a été fourni gratuitement par une communauté qui croyait, et croit, encore à la libre circulation du savoir sans entrave commerciale. Et c’est bien souvent cette communauté qui leur fourni encore les solutions à leurs problèmes les plus pressants.

Donc, le logiciel libre cossé ça donne? Ça donne le monde informatique dans lequel nous évoluons. Ça donne aussi un aperçu des manières réalistes de s’inscrire dans notre monde capitaliste avec des valeurs autres que le profit à tout prix. Maintenant il s’agit de savoir ce que ça donne concrètement dans nos propres contextes personnels et commerciaux.

 

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